Lecture rapide
- Sa situation actuelle fait de l’Afrique subsaharienne la région la plus vulnérable
- L’Afrique du nord, l’Inde et le Moyen Orient sont les autres zones à risque
- La réponse préconisée est une adaptation des techniques culturales
Par: Fo-Koffi Djamessi
Quatre régions du monde, notamment l’Afrique du Nord, le Moyen Orient,
l’Inde et l’Afrique subsaharienne seront confrontées à l’horizon 2050 à
une insécurité alimentaire due aux changements climatiques.
Telle est la conclusion d’une étude sur l’usage des terres et
l’évolution des surfaces agricoles en rapport avec les changements
climatiques (Prospective Agrimonde-Terra), présentée à Paris le 24 juin
dernier.
L’étude effectuée conjointement par des chercheurs du CIRAD et de l’INRA
(France) prend en compte les tendances agricoles actuelles dans les
zones ciblées et les scénarios dits de “rupture” impliquant des
changements radicaux dans l’usage des terres.
“Il nous revient de reconcevoir notre agriculture en fonction de nos régimes pluviométriques particuliers et d’accentuer nos recherches sur les méthodes d’irrigation adaptées à chaque sol afin d’optimiser les disponibilités hydrauliques actuelles”
Yawo Nenonene
Ingénieur agronome et chercheur, ESA (Togo)
Selon les prévisions, l’Afrique subsaharienne sera la zone la plus
touchée par cette insécurité alimentaire ; en raison de sa situation
nutritionnelle et agricole actuelle ainsi que sa forte dépendance aux
importations.
“Remédier à cette situation nécessitera d’importantes transformations systémiques, des politiques publiques
fortes et des actions concertées de nombreux acteurs”, soulignent les
chercheurs qui insistent sur le rôle prépondérant du système de commerce
mondial dans la réduction de cette crise annoncée.
Pour Yawo Nenonene, ingénieur agronome et chercheur à l’Ecole supérieure
d’agronomie (ESA) de l’université de Lomé (Togo), les résultats de
cette étude interpellent les chercheurs africains en vue de la recherche
d’instruments et de techniques culturales adaptés au climat et au
régime pluviométrique de chaque pays.
“La maitrise de l’eau est le principal défi auquel est confrontée l’agriculture
dans la plupart des pays africains et au Togo en particulier. Il nous
revient de reconcevoir notre agriculture en fonction de nos régimes
pluviométriques particuliers et d’accentuer nos recherches sur les
méthodes d’irrigation adaptées à chaque sol afin d’optimiser les
disponibilités hydrauliques actuelles”, explique-t-il.
Pour lui, la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne passe également par une reconsidération des techniques post-récoltes.
“Il nous faut aller vers des méthodes de transformation et de
conservation des produits agroalimentaires adaptées à nos climats ; et
penser en même temps à l’adaptation des variétés génétiques pour une
agriculture durable”, ajoute-t-il.
Zones rurales
Pour sa part, le Centre des services scientifiques sur le changement
climatique et l’utilisation adaptée des terres (WASCAL), une institution
sous-régionale basée à Lomé, estime que le changement climatique va
augmenter les risques d’insécurité alimentaire chez les populations les
plus pauvres, surtout dans les zones rurales.
Kouami Kokou, son directeur, martèle que les actions et recherches
portées vers la sécurité alimentaire doivent prendre pour point de
départ les populations des zones rurales.
Selon ce dernier, “il faut réduire l’impact du changement climatique sur
ces groupes ainsi que sur les ressources naturelles existantes pour
soutenir la production agricole et assurer la sécurité alimentaire”.
C’est pour cela que l’Etat togolais a opté pour le projet ADAPT, axé sur
le monde rural et lancé en juillet 2014, afin d’endiguer la crise
alimentaire annoncée.
Ses composantes essentielles sont l’intégration d’outils d’adaptation au
changement climatique dans les systèmes de production agricole,
l’adaptation des systèmes de production agricole vulnérables aux impacts
climatiques et l’éducation sur les changements climatiques.